Littérature de science-fiction


Fantasy


Fantasy est un nom attrape-tout, derrière lequel on range des oeuvres fort diverses. Il s'applique malheureusement aussi à un genre dont il est arrivé qu'on fasse la poubelle des littératures imaginaires. En simplifiant, on pourrait distinguer 2 types principaux de fantasy. Le premier, épique, se situe dans un cadre le plus souvent moyenâgeux - avec, à l'occasion, confrontation d'une ambiance, d'une société médiévale et d'une technologie moderne - oû évoluent des personnages tout en muscles qui affrontent sortilèges, divinités belliqueuses, hordes barbares, etc. Le second, féérique, emprunte davantage aux contes et mythologies anciennes. On y rencontre l'empreinte des légendes et du panthéon de l'Antiquité méditerranéenne, des folklores celtiques ou nordiques. Naturellement, chez certains auteurs, ces deux sources peuvent se combiner. De nombreux auteurs de SF l'ont ainsi fréquentée, parfois pour des raisons purement alimentaires , parfois à titre de délassement, d'autres plus sincérement. On retrouve des auteurs comme R.Howard (cycle de Conan, adapté au cinéma), J.R.R.Tolkien (le seigneur des anneaux), R.Zelazny, F.Leiber, J.Vance, M.Moorcock, U.Le Guin, David Eddings et bien sûr un des précurseurs A.Merrit. Depuis le succés incroyable de l'adaptation cinématrographique du "Seigneur des anneaux" en 2001, le genre connait un succés grandissant et a envahi les rayons des librairies. Malheureusement le plus souvent par de pâles copies de l'oeuvre de Tolkien, mis à part quelques rares auteurs comme John Crowley.









Cyberpunk - Postcyberpunk


Le mouvement cyberpunk tourne le dos à une certaine science-fiction, que d'aucuns qualifient de bourgeoise, il assimile des techniques narratives venues du thriller ou du roman noir, et invente une nouvelle imagerie, voire une nouvelle poétique, auxquelles les technologies modernes fournissent leur substance. La science-fiction des cyber-punks se veut plus proche de la réalité comtemporaine que ne l'était celle des générations précedentes. Instruite des courants de pensée et des évolutions technologiques et scientifiques de l'époque, elle prend en compte des notions telles que : urbanisme, culture globale, intelligence artificielle, nano-technologie, informatique, réseau, etc., s'efforçant de créer des virtualités aussi riches et complexes que le monde alentour. Autour de W.Gibson et B.Sterling, le mouvement comprend des auteurs comme R.Rucker, M.Swanwick, N.Stephenson ou encore en France Maurice G.Dantec. Sa traduction cinématographique a donné des films tels que Tron, Matrix, ExistenZ ou Johnny Mnémonic.

Le postcyberpunk a émergé du mouvement cyberpunk dans les années 90. A la différence du cyberpunk "classique", les oeuvres postcyberpunk mettent en scène des personnages qui essaient d'améliorer leurs conditions sociales. Loin d'être des marginaux solitaires, les personnages font bien souvent partie intégrante de la société. Le terme postcyberpunk est utilisé pour la première fois en 1991 pour décrire le roman "Le samourai virtuel" de Neal Stephenson.









Space Opera - Planet Opera


Mouvement incontournable de la SF américaine, ce genre est étroitement lié aux "pulps" des années 40 et 50. Empruntant beaucoup aux westerns, le space-opéra nous entraine dans de trépidantes aventures galactiques où l'on attache peu d'importance à la crédibilité scientifique et à la profondeur psychologique des personnages. Le succès est pourtant au rendez-vous, surtout aux USA où le space-opéra fait la gloire de P.Anderson, R.Heinlein ou A.Van Vogt, la référence historique. Une grande partie de l'immense production de cette époque est malgré tout d'un intèrêt mineur. Intrigue puérile, personnages stéréotypés, style grossier, le genre aurait sans doute disparu sans l'apport de nouveaux écrivains de talents comme S.Delany, L.Brackett, C.J.Cherryh, L.M.Bujold ou plus récemment Vernor Vinge ou Alastair Reynolds. Le space-opéra s'est ainsi enrichi d'influences diverses comme la fantasy ou la hard-science. Il s'est attaché à améliorer la qualité d'écriture et la psychologie des personnages. Pour finir, on ne peut évidemment pas parler de space-opéra sans évoquer l'énorme succès cinématographique de "La guerre des étoiles" , preuve que ce style de SF a encore de beaux jours devant lui.

À la différence du space opera, genre de science-fiction qui relate des aventures se déroulant dans l'espace, le planet opera (littéralement, « opéra planétaire ») a pour décor une planète étrangère aux caractéristiques déroutantes et mystérieuses que les principaux personnages ont pour mission d'explorer et de découvrir sous tous ses aspects (faune, flore, ressources). Le planet opera permet de s'intéresser de plus près aux aspects sociologiques, économiques, voire anthropologiques, à une échelle plus humaine que d'autres types de science-fiction. La tendance à suivre l’évolution de la planète sur plusieurs centaines, voire plusieurs milliers d’années, permet également une certaine mise en scène des civilisations et de leur évolution. De célèbres oeuvres se rattachent à ce genre. "Dune" de Frank Herbert, "Le monde du fleuve" de Philippe josé Farmer ou "Helliconia" de Brian Aldiss.









Hard Science


Né dans les années 60, ce mouvement prenait le contre-pieds de l'esprit "pulps" américaine des années 40 qui ne s'embaraissait guère de crédibilité scientifique et mettait l'accent sur le côté "divertissement" de la SF. La hard science, au contraire, se veut d'une rigueur scientifique inattaquable en extrapolant, de façon réaliste, les progrés technologiques des siècles prochains. C'est ainsi que la hard science met parfois "dans le mille" quand la réalité rattrape la fiction; comme dans "Les fontaines du paradis" où A.C.Clarke décrit, avec la précision qu'on lui connait, le sattelite en orbite géostationnaire bien avant sa création. Ce mouvement montre aussi d'autres ambitions et se veut parfois métaphysique comme dans son roman le plus célèbre "2001 odyssée de l'espace". Les détracteurs du genre disent que la richesse scientifique cache une grande pauvreté littéraire et un sens romanesque proche du zéro absolu. C'est parfois vrai, même pour les oeuvres du maitre A.C.Clarke, mais des auteurs comme G.Benford, G.Bear, G.Egan ou H.Clement ont depuis longtemps prouvé le contraire.









Prospective - Dystopie


La SF délibérement prospective n'est pas si fréquente, même si toute science-fiction contient un peu de réflexion prospective. Certaine mauvaises langues vous diront aussi que prospective et SF sont deux genres séparés tant la qualité littéraire différe entre les deux. C'est le fait, sans doute, que bien des auteurs de prospective sont des écrivains célèbres dont le talent est unanimement reconnu. A.Huxley, H.G.Wells, Jules Verne ou G.Orwell, avec une approche différente de la question, ont marqué la littérature du XXème siècle. Ils décrivent tous, de façon plausible, l'avenir proche de l'humanité - sous un angle scientifique pour Verne dans, par exemple, "De la Terre à la Lune", sociologique pour Huxley dans "Le meilleur des mondes", politique pour le Orwell de "1984", médiatique pour N.Spinrad dans son "Jack Barron". John Brunner en 4 romans (dont le premier parait en 1968) a lui abordé tous ces thèmes et bien d'autres encore, ce qui en fait le champion de la prospective contemporaine. En lisant ces écrits, le lecteur retrouvera bien sûr les angoisses d'une époque, celles de ces auteurs qui les ont "projetées" et "amplifiées".

La dystopie, également appelée contre-utopie, s'inscrit dans une démarche prospective en dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu'elle empêche ses membres d'atteindre le bonheur. Une dystopie peut également être considérée comme une utopie qui vire au cauchemar et conduit donc à une contre-utopie. Parce que la dystopie vise à présenter sous forme narrative les conséquences néfastes d'une idéologie, l'univers qu'elle décrit ne s'éloigne du nôtre que par les seules transformations sociales ou politiques que l'auteur désire critiquer. Il est donc naturellement amené à situer son univers dystopique dans un futur proche, ce qui le fait rentrer dans le cadre de la science-fiction. "1984", "Le meilleur des mondes", "Les dépossédés" d'Ursula Le Guin sont les dystopies les plus célèbres. Plus proche de nous, "La servante écarlate" de Margaret Atwood, "La zone du dehors" d'Alain Damasio ou "Globalia" de J.C.Ruffin ont fait perdurer de belle façon ce genre mais c'est au sein de la littérature de jeunesse que la dystopie a récemment trouvé son heure de gloire avec des romans comme "Uglies", "Hunger games" ou "Divergent", ces deux dernièrs ayant fait l'objet d'adaptations cinématographiques à grand succés.









Cataclysme - Post-apocalypse


Ce n'est pas vraiment un genre, mais plutôt une tendance de la SF, souvent représentée par des auteurs britaniques comme J.Wyndham ou K.Roberts. Guerre nucléaire, destruction extra-terrestre, péril bactériologique, désastre écologique, ... le futur n'est pas rose dans ces romans qui font supporter aux hommes de terrifiants cataclysmes. Certains écrivains, comme J.G.Ballard se servent de ses situations extrèmes pour mettre à nue la nature profonde de l'homme et l'amener à une reconstruction psychologique et philosophique. D'autres, comme R.Barjavel montrent surtout leur grande méfiance envers le progrés scientifique et leur peu de foi en l'humanité. La revendication est, dans ce cas, écologique et le propos souvent pessimiste. A part ces deux auteurs phares, beaucoup d'écrivains, et pas des moindres, ont puisé dans la veine cataclysmique de la SF. Il s'agit, entre autres, de S.King avec "Le fléau", H.G.Wells dans "La guerre des mondes", de P.K.Dick avec "Dr Bloodmoney". La traduction cinématographique de ce courant est riche d'exemples : "La planète des singes", "Malevil" (adapté d'un livre de R.Merle), "Waterworld", "Independance day" ou plus récemment l'adaptation réussie de "La guerre des mondes" par Spielberg et l'énorme "2012" sur la fin du monde.

Depuis la pandémie de 2020, la version moderne de cette mouvance de la SF, nommée désormais roman "Post-apocalyptique" est omni-présente dans les rayons des librairies avec de beaux succés comme "Outresable" de Hugh Howey, "Vers les étoiles" de M.R.Kowal ou "New-York 2140" de K.S.Robinson.









Uchronie - Steampunk


Le mot uchronie est un néologisme formé par le philosophe Charles Renouvier en 1857. Le mot est forgé sur le modèle d'utopie, pour désigner l'histoire recommencée, celle qui s'exprime généralement par "Et si ... ?". Mais l'uchronie existait avant qu'on ne lui donne un nom, puisqu'en 1836 Louis Geoffroy avait écrit un livre intitulé "Napoléon apocryphe", dans lequel il imaginait que Napoléon n'avait pas été défait en Russie et qu'il finissait par instaurer la monarchie universelle. Avec l'uchronie, l'Histoire est à refaire à partir d'un évènement fondateur qui constitue le point de départ de l'altération. Parmi les plus célèbres uchronies, on peut citer "Le maitre du Haut-Chateau" de P.K.Dick, "Fatherland" de Robert Harris, tous deux basés sur la victoire de l'Allemagne nazie en 1945, "Roma Aeterna" de Robert Silverberg dans lequel l'empire romain est encore la première puissance du monde, "Les chroniques des années noires" de K.S.Robinson ou encore "Pavane" de Keith Roberts.

Considéré par beaucoup comme une ramification de l'Uchronie, le Steampunk puise son origine dans une lettre de K.W. Jeter publiée pour qualifier les fantaisies victoriennes écrites avec Tim Powers et P. Blaylock. Le Steampunk est en fait un sous-genre mélant des anachronies générées par l'irruption prématurée d'un progrés technologique dans un passé assez récent, souvent le XIXe britannique.









Horreur - Splatterpunk


Le fantastique avec sa ramification "horrifique" a toujours coexisté avec la SF et, parfois même, les deux littératures se sont confondues tant les définitions de l'un et de l'autre comportent des frontières mouvantes. Il est donc logique qu'une part de la SF ait subi l'influence de sa proche cousine et que certains auteurs aient mélangé les genres. Ceux-ci reconnaissent volontiers avoir subi l'influence d'auteurs comme E.A.Poe ou H.P.Lovecraft, l'un des fondateurs de la littérature horrifique. C'est le cas de S.Baker, S.King, ou D.Simmons par exemple. Le dosage de terreur est variable, de la simple touche d'un R.Heinlein à la dose massive du S.King des "Tomyknockers" ou du D.Simmons de "L'échiquier du mal". Dans les années 90, un nouvel auteur, P.H.Hamilton, s'est emparé du genre en créant une saga de SF Horrifique d'excellente qualité. Dans les années 2000, c'est le fantôme de H.P.Lovecraft qui hante à nouveau ce genre avec de jeunes auteurs comme China Mieville ou Jeff Vandermeer .Au cinéma, le genre fait recette, des films comme "Alien" ou "Starship troopers"(adapté d'un roman de Heinlein) ou plus récemment "Le projet Blair Witch" et "The ring" ont connu un succés mondial.

Le terme Splatterpunk fut forgé par l'écrivain et critique David J.Schow au milieu des années 80 pour désigner un courant littéraire inspiré par le mouvement punk. Les autres membres de ce courant sont Clive Barker, John Shirley, Craik Spector ou Poppy Z.Brite. ces auteurs ont en effet cherché à renouveler le genre fantastique et horreur en s'inspirant de l'esprit nihiliste et réaliste du punk pour dénoncer les clichés du genre : scènes de violence cruers, personnages déjantés ou asociaux, sociopathes plus que malfaisants.









Humour


Humour et SF n'ont pas toujours fait bon ménage, c'est un reproche fréquement adressé à l'encontre de cette littérature jugée "sérieuse". On peut trouver extrémement savoureux les "pulps" des années 40, mais il faut avouer que ce n'était pas forcément la volonté première de leurs auteurs. Par contre, d'autres ont volontairement apporté un souffle satirique, ironique ou burlesque à la SF. Il s'agit, par exemple, de F.Brown, R.Sheckley, K.Vonnegut , H.Harrison , F.Pohl, S.Lem, ou John T.Sladek. Leur fiction délirante n'est pas pour autant dénuée de critique sociale. C'est trés visible dans "L'univers en folie" où F. Brown écorche avec ironie le modèle social américain des années 50. A quelques exceptions près tel J.Morrow ou Neil Gaiman, le genre n'est plus guère exploité aujourd'hui, et c'est bien dommage, le succés récent d'un film comme "Mars attack" de T. Burton est là pour nous prouver de nouveau que rire et SF de "qualité" ne sont pas incompatibles.









Mélange


La grande richesse de la SF provient incontestablement du mélange de genres qu'elle permet. Cette liberté de tout associer, de tout fusionner est un privilège rare dans la littérature et les auteurs de SF ne se sont pas privés de l'exploiter. Ainsi, I.Asimov associe polar, hard-science et space-opéra. R.Bradbury nous entraine, de façon subtile, vers le fantastique, la poésie et l'humour (parfois même le théatre). T.Sturgeon ajoute à ses fictions une dose de surréalisme et de fable humaniste. A.Bester allie avec brio polar, humour et prospective. P.K.Dick nous amène vers l'analyse sociologique et mystique. R.Barjavel et G.Orwell nous parle de politique et d'amour desespérée à la "Roméo et juliette". Etc ... Il existe presque autant d'exemple que de romans, c'est cela la force, le charme et la spécificité de la SF même si le lecteur "profane" peut se sentir désorienté devant un tel mélange.